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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/229

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avec le plus d’empire. Son cachot s’ouvre au bout d’un quart-d’heure, c’est Roland ; il est avec sa sœur : c’est la première fois que cette belle et intéressante créature s’offre aux yeux de Justine. Oui, belle, elle l’était au-dessus de toute expression, intéressante… assurément, puisqu’elle était comme les autres, à cela près d’un peu plus de bien-être, esclave des passions d’un frère qui, malgré l’amour qu’il avait, disait-il, pour elle, la brutalisait pourtant chaque jour, et cela, quoiqu’elle fût enceinte de lui, — Suivez-moi toutes deux, dit Roland d’un air égaré ; on parvient en silence au funeste caveau. Tout est fini pour vous, ose annoncer d’un air ferme et terrible ce redoutable antropophage ; vous ne verrez plus le jour. En prononçant ces funestes paroles, il se saisit de sa sœur ; et s’emparant d’une poignée de verges, il la fouette un quart-d’heure entier sur tout le corps et particulièrement sur le ventre. De combien de mois es-tu grosse, s’écria le barbare en feu ? De six, répond cette aimable et douce créature en se jetant aux pieds de son frère ; si ta rage te porte à sacrifier, à-la-fois dans ma seule existence, ta sœur, ta maîtresse, ton amie, la mère de ton enfant, que ce ne soit au moins qu’après que