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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/259

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deux lieues de la ville, et l’on allait descendre de la voiture, pour jouir de la fraîcheur de quelques avenues sur le bord de l’Isère, où l’on avait dessein de se promener, lorsque tout-à-coup Dubreuil se trouve mal… d’affreux vomissemens le surprennent… On revole à Grenoble : Dubreuil est dans un tel état, qu’il faut le porter dans sa chambre. Sa situation surprend son associé. Un médecin arrive. Juste ciel !… le malheureux jeune homme est empoisonné. Justine, épouvantée, court à l’appartement de la Dubois : l’infâme ! elle était partie. Notre héroïne passe chez elle… son armoire est forcée ; le peu de hardes qu’elle possède lui est enlevé. La Dubois, lui dit-on, court, depuis trois heures, du côté de Turin ; il n’est pas douteux qu’elle ne soit l’auteur de cette multitude de crimes : elle s’était présentée chez Dubreuil ; piquée d’y trouver du monde, elle s’était vengée sur Justine, et elle avait empoisonné ce jeune homme en dînant, pour, qu’au retour, si elle avait réussi à le voler, le malheureux, plus occupé de sa vie que de poursuivre celle qui dérobait sa fortune, la laissât fuir en sûreté, et pour que, l’accident de sa mort arrivant, pour ainsi dire, dans les bras de Jus-