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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/268

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ce soir, ou l’une aujourd’hui, l’autre demain ; pour moi, je vous quitte. Les bontés que vous avez pour moi, m’ont engagé à vous faire part de mon aventure… un homme mort… monseigneur, un homme mort, je me sauve… Eh ! non, non, femme charmante, s’écria le pasteur, non, reste, et ne crains rien quand je te protège… Un homme mort… dis-tu ?… Y en eût-il vingt, je te sauverai delà… Restes, te dis-je, tu es l’ame de mes plaisirs ; toi seule possèdes le grand art de les exciter et de les satisfaire ; et plus tu redoubles tes crimes… plus tu te vautres dans le bourbier de l’infamie, plus ma tête s’échauffe pour toi… Mais elle est jolie, cette Justine… Puis, s’adressant à elle : quel âge avez-vous, mon enfant ? — Vingt-six ans, monseigneur, et beaucoup de chagrin. — Oui, des chagrins… des malheurs, pas autant que j’aurais voulu cependant ; car je ne te le cache pas, ma chère, j’ai fait l’impossible pour te faire pendre ; mais ce que je n’ai pu faire exécuter d’une manière, peut-être y procéderai-je moi-même de l’autre ; et je te réponds que tu n’y perdras rien… Tu as des malheurs, prétends-tu ? Eh bien ! nous les terminerons tous, mon ange ; je te réponds que dans vingt-quatre heures tu