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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/291

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malheurs résulteront toujours du renversement de ces principes. Il cessera d’y avoir une autorité réelle dans tout gouvernement où chacun se croira fait pour la partager, et tous les fléaux de l’anarchie résulteront de cette extravagance. Or, l’unique moyen d’éviter ces dangers, est de resserrer la chaîne le plus qu’il est possible, de promulguer les loix les plus sévères, de refuser absolument l’instruction du peuple, de s’opposer sur-tout à cette fatale liberté de la presse, foyer de toutes les lumières qui viennent dissoudre les liens du peuple, et de l’effrayer ensuite par des supplices aussi graves que multipliés. Il n’est point d’animal au monde plus dangereux que le peuple, et tout gouvernement qui ne le tiendra pas dans la plus extrême servitude, s’écroulera bientôt de lui-même. La tyrannie la plus outrée fait seule toute la sûreté des États ; lâchez le frein, le peuple se révolte ; accoutumez-le à l’aisance, il deviendra bientôt insolent ; soulagez-le, il vous insultera ; éclairez-le, il vous massacrera.

N’imaginez pourtant pas, mes amis, que j’entende par le peuple la caste désignée sous la dénomination de tiers-état, non, certes : j’appelle peuple cette classe vile et