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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/328

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lera, ainsi que le reste, au temple de Thémis. Conduisez-y moi, monsieur, voilà mes mains ; couvrez-les de chaînes ; le crime seul rougit de les porter ; la vertu malheureuse en gémit, et ne s’en effraie pas… En vérité, je n’aurais pas cru, dit la Dubois, que mon idée eût un tel succès ; mais, comme cette créature me récompense de mes bontés par d’insidieuses inculpations, j’offre de retourner avec elle, si cela est nécessaire… Cette démarche est parfaitement inutile, madame la baronne, répondit l’exempt ; nos recherches n’ont que cette fille pour objet, ses aveux, la marque dont elle est flétrie, tout la condamne ; nous n’avons besoin que d’elle, et nous vous demandons mille excuses de vous avoir retardée si long-tems. Notre orpheline, aussi-tôt enchaînée, est mise en croupe derrière un des cavaliers, et la Dubois remonte en voiture, en achevant d’insulter cette malheureuse par le don de quelques écus laissés piteusement aux gardes pour aider à la situation de la prisonnière, dans le triste séjour qu’elle allait habiter jusqu’à son jugement,

O vertu ! s’écria Justine, quand elle se vit dans cette affreuse humiliation, devais-tu recevoir un plus sensible outrage ? se peut-il