Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/370

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pendant que d’un engin énorme celui-ci pourfend la victime. En voilà assez, dit Saint-Florent dès qu’il a rempli de sperme le vilain cul de l’homme aux verroux ; maintenant, garce, continue-t-il en s’adressant à Justine, ne t’imagines pas que je fasse la moindre démarche en ta faveur ; je vais, au contraire, engager tes juges à mettre plus de sévérité dans leur prononcé. Il fallait accepter ce que je te proposais dans le tems, et te garder sur-tout de paraître à mes yeux. Oui, tu seras brûlée, sois-en sûre ; je ne te quitte que pour en hâter… en assurer le jugement. Le monstre sort, et laisse la pauvre fille dans un abattement ressemblant au néant de la mort, qui va bientôt la couvrir de ses ombres.

Le jour suivant Cardoville vint l’interroger ; elle ne put s’empêcher de frémir en voyant avec quel sang-froid ce coquin osait exercer la justice, lui, le plus scélérat des hommes, lui qui, contre tous les droits de cette justice dont il se revêtissait, venait d’abuser aussi cruellement de l’innocence et de l’infortune, dont elle composait sa sauve-garde. Elle mit à se défendre toute la chaleur que donne une bonne cause ; mais l’art de ce malhonnête homme lui composa des crimes de tous les