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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/378

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réunies contre moi, hâte ma perte, après m’avoir accablée d’outrages ; ils sont comblés des dons de la fortune, et je cours à la mort.

Voilà ce que les hommes m’ont fait éprouver ; voilà ce que m’apprit leur dangereux commerce ; est-il donc étonnant que mon ame, aigrie par le malheur, révoltée d’outrages, accablée d’injustices, n’aspire plus qu’à briser ses liens !

Justine finissait à peine ces tristes réflexions, lorsque le geolier vint lui parler avec le plus grand mystère. Écoutez-moi, lui dit-il, avec attention ; vous m’avez inspiré de l’intérêt, et si vous pouvez réussir à ce que je vais vous proposer, je vous sauve la vie. — Oh ! monsieur, de quoi s’agit-il ? — Vous voyez là-bas ce gros homme, abîmé dans sa douleur, et qui, comme vous, n’attend que l’heure de son supplice ; il est possesseur d’un portefeuille, dans lequel est une somme considérable… en voyez-vous dépasser le bout dans sa poche ? — Eh bien, monsieur ? — Eh bien ! je sais qu’il n’est occupé, dans ce moment-ci, que des moyens de faire passer ce trésor à sa famille ; dérobez-le-lui, apportez-le-moi, et