Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/63

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Il s’agissait d’instruire la mère et de lui dévoiler les atrocités du comte ; mademoiselle de Volmire ne doutait pas que celle qui lui avait donné le jour, telle incommodée qu’elle pût être, n’accourût aussi-tôt pour la délivrer ; mais, comment réussir ? On était si soigneusement gardé. Accoutumée à sauter les remparts, Justine mesura de l’œil ceux de la terrasse ; à peine avaient-ils trente pieds. Aucune clôture extérieure ne paraît à ses yeux ; elle croit être dans la route du bois, si-tôt qu’elle aura franchi les murailles ; mademoiselle de Volmire, arrivée de nuit, ne peut rectifier ses idées ; et pendant l’absence de Gernande, Justine, gardée par les vieilles, n’a pu se procurer aucunes connaissances locales. Notre brave et sincère amie se résout donc à tenter l’escalade ; Volmire écrit à sa mère de la façon la plus faite pour l’attendrir et la déterminer à venir au secours d’une fille aussi malheureuse ; Justine met la lettre dans son sein, embrasse cette chère et intéressante femme ; puis, aidée de ses draps, elle se laisse glisser au bas de la forteresse. Que devient-elle, grand Dieu ! quand elle reconnaît qu’il s’en faut bien qu’elle soit hors de l’enceinte, et qu’elle n’est que dans un parc environné