Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/67

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poir est enlevé, et qui ne sait pas si la minute où il respire, ne sera pas la dernière de ses jours. Incertain du genre des douleurs qui l’attendent, il se les représente sous mille formes plus horribles les unes que les autres. Le plus léger bruit lui paraît être celui de ses bourreaux ; son sang se glace ; son cœur s’arrête, et le glaive qui va terminer ses jours, est moins affreux pour lui, que l’instant qui le menaçait.

Il est vraisemblable que le comte commença par se venger sur sa femme. L’événement qui sauva Justine, nous l’a fait au moins présumer : il y avait trente-six heures que notre héroïne était dans la crise que nous venons de peindre, sans qu’on lui eût apporté aucun secours, lorsque les portes s’ouvrirent, et que Gernande parut à la fin. Il était seul ; la fureur éclatait dans ses yeux.

Vous connaissez, lui dit-il, la mort qui vous attend ; il faut que ce sang pervers s’écoule en détail ; vous serez saignée trois fois par jour, je vous l’ai dit, c’est une expérience que je brûle de faire ; je vous remercie de m’en avoir fourni les moyens. Et le monstre, sans s’occuper pour-lors d’autres passions que de sa vengeance, prend un des bras de Jus-