Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venait la voir, on la consolait ; et comme elle était fort riche, l’on continuait de lui fournir tous les livres et toutes les douceurs qu’elle pouvait desirer, même celles qui devaient le plus allumer une imagination… déjà fort vive, et que n’attiédissait pas la retraite.

Pour Euphrosine, elle avait quinze ans lorsque je me liai avec elle, et elle était depuis dix-huit mois l’élève de madame Delbène, quand l’une et l’autre me proposèrent d’entrer dans leur société, le jour ou je venais d’atteindre ma treizième année. Euphrosine était brune, grande pour son âge, fort mince, de très-jolis yeux, beaucoup d’esprit et de vivacité, mais moins jolie, bien moins intéressante que notre supérieure.

Je n’ai pas besoin de vous dire que le penchant à la volupté est, dans des femmes récluses, l’unique mobile de leur intimité ; ce n’est pas la vertu qui les lie, c’est le foutre ; on plaît à celle qui bande pour nous, on devient l’amie de celle qui nous branle. Douée du tempérament le plus actif, dès l’age de neuf ans, j’avais accoutumé mes doigts à répondre aux desirs de ma tête, et je n’aspirais depuis cet âge, qu’au bonheur