Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nisme et de la crapule. Elle revint nous voir, elle nous fit le tableau de sa situation, et trop corrompues nous-mêmes pour trouver du mal au parti qu’elle prenait, nous nous gardâmes bien de la plaindre ou de la détourner. Elle a bien fait, me disait madame Delbène ; j’ai voulu cent fois me jeter dans la même carrière, et je l’eusse fait infailliblement, si le goût des hommes l’eût emporté chez moi sur l’extrême amour que j’ai pour les femmes ; mais, ma chère Juliette, le ciel en me destinant à une clôture éternelle, m’a créée assez heureuse pour ne desirer que très-médiocrement toute autre sorte de plaisir, que ceux que me permet cette retraite ; celui que les femmes se procurent entre elles est si délicieux, que je n’aspire à presque rien au-delà ; je comprends pourtant qu’on aime les hommes ; j’entends à merveille qu’on fasse tout pour s’en procurer… Je conçois tout sur l’article du libertinage… Qui sait même si je n’ai pas été beaucoup au-dessus de ce que peut saisir l’imagination.

Les premiers principes de ma philosophie, Juliette, continua madame Delbène qui s’attachait plus particulièrement à moi de-