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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/28

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raisons des progrés de son esprit, et de la manière dont on travaille à l’extinction de ses préjugés ; en sorte qu’à mesure que ces préjugés s’effacent par l’âge, ou que l’habitude des actions qui nous effrayaient, parvient à endurcir la conscience, le remords qui n’était que l’effet de la faiblesse de cette conscience, s’anéantit bien-tôt tout-à-fait, et qu’on arrive ainsi tant qu’on veut, aux excès les plus effrayans. Mais m’objectera-t-on peut-être, l’espèce de délit doit donner plus ou moins de violence au remords ; sans doute, parce que le préjugé d’un grand crime est plus fort que celui d’un petit… la punition de la loi plus sévère ; mais sachez détruire également tous les préjugés, sachez mettre tous les crimes au même rang, et vous convainquant bientôt de leur égalité, vous saurez modéler sur eux le remords, et comme vous aurez appris à braver le remords du plus faible, vous apprendrez bientôt à vaincre le repentir du plus fort, et à les commettre tous avec un égal sang-froid… avec une semblable indifférence ; ce qui fait, ma chère Juliette, que l’on éprouve du remords après une mauvaise action, c’est que l’on est persuadé du sys-