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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/390

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Oh ciel ! me dis-je, dès que, rétablie dans mon voluptueux appartement, je jetai les yeux sur l’heureuse situation dont j’allais jouir… sur l’immense revenu dont je devenais maîtresse. Oh ciel ! quelle vie je vais mener ; fortune, sort, Dieu, agent universel, qui que tu sois enfin, si c’est ainsi que tu traites ceux qui se livrent aux délits comment ne suivrait-on pas cette carrière ? Ah ! c’en est fait, je n’en parcourerai jamais d’autres ; égarements divins qu’on ose appeler crime… vous serez désormais mes seuls Dieux, mes uniques principes, et mes loix ; je ne chérirai plus que vous dans le monde.

Mes femmes m’attendaient pour me mettre au bain ; j’y passai deux heures, autant à ma toilette, et fraîche comme la rose, je parus au souper du ministre, plus belle à ce qu’on m’assura, que l’astre même, dont d’infâmes coquins m’avaient privé des jours.


Fin du cinquième Volume.