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rier, et que de malheurs pourraient devenir les suites de cette faute ; cependant, écoute-moi, mon ange, tu sais que je t’adore, fais moi le sacrifice de Ste.-Elme, et je te satisfais à l’instant sur tous les plaisirs que tu souhaites. Tu choisiras dans le couvent celle dont tu voudras cueillir les prémices, et ce sera moi qui flétrirai les tiens… les déchiremens… les blessures, tranquillise-toi, j’arrangerai tout. Mais ceci sont de grands mystères ; pour y être initiée, il faut ta parole sacrée que dès ce moment-ci tu ne parleras plus à Ste.-Elme, autrement je ne mets point de bornes à ma vengeance. Aimant trop cette charmante fille pour la compromettre, brûlant d’ailleurs de goûter les plaisirs qu’on me faisait espérer, si je renonçais à elle, je promis tout. Eh bien ! me dit Delbène au bout d’un mois d’épreuve, ton choix est-il fait ? Qui veux-tu dépuceler ? Et ici, mes amis, vous ne devineriez de la vie sur quel objet mon imagination libertine s’arrêtait avec complaisance ? Sur cette fille que voilà sous vos yeux… Sur ma sœur. Mais madame Delbène la connaissait trop bien pour ne pas me détourner de ce projet. Eh bien dis-je, donne-