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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/136

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raient réellement ajouter qu’un plaisir fade à tes sens, et qu’il en peut naître un très-vif du refus. Persuade-toi, que c’est troubler l’ordre de la nature, que de tirer de la classe de l’indigence ceux qu’elle a voulu y placer ; qu’entièrement sage, et conséquente dans toutes ses opérations, elle a des desseins sur les hommes, qu’il ne nous appartient ni de connaître ni de contrarier ; que ses desseins sur nous, se prouvent par l’inégalité des forces, nécessairement suivie de celles des fortunes et des conditions. Autorise-toi des exemples anciens, Juliette, ton esprit est orné ; rappelle toi tes lectures. Souviens-toi de l’empereur Licinius qui, sous les peines les plus rigoureuses, défendait toute compassion envers les pauvres, et toute espèce de soulagement à l’indigence, Rappelle-toi cette secte de philosophes grecs, qui soutenait qu’il y avait du crime à vouloir déranger les nuances établies par la nature dans les différentes classes d’hommes ; et quand tu en seras au même point que moi, cesse de déplorer alors la perte des vertus produites par la pitié ; car ces vertus, n’ayant que l’égoïsme pour base, ne sauraient avoir rien de respectable ; puisqu’il n’est