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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/15

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dans le monde capable de m’effrayer et qu’il n’en est pas un seul que je ne commette avec délices… Ah ! baisez-moi ; vous êtes charmante, dit Saint-Fond, eh bien ! au moyen de ce que vous me promettez-là, je vous renouvelle le serment que je vous ai fait de vous procurer l’impunité la plus entière. Faites, pour votre compte, tout ce que bon vous semblera : je vous proteste de vous retirer de toutes les mauvaises aventures qui pourraient en survenir ; mais il faut me prouver, tout de suite, que vous êtes capable d’exercer l’emploi que je vous destine ; tenez, me dit-il, en me remettant une petite boîte ; je placerai ce soir, près de vous, au souper, celle des filles sur laquelle il m’aura plu de faire tomber l’épreuve ; caressez-la bien, la feinte est le manteau du crime, trompez-la le plus adroitement que vous pourrez, et jetez cette poudre, au dessert, dans un des verres de vin qui lui seront servis ; l’effet ne sera pas long ; je reconnaîtrai là si vous êtes digne de moi, et, dans ce cas, votre place vous attend. Oh ! monseigneur, répondis-je avec chaleur, je suis à vos ordres ; donnez, donnez, vous allez voir comme je vais me conduire. —