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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/162

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ne le pouvons par des crimes. Les saletés exécutées avec toute la précision et tous les épisodes désirés l’épuisent enfin. Elle se précipite dans un bain d’eau de rose ; on l’essuie, on la parfume, on la pare du négligé le plus immodeste, et nous soupons.

Clairwil, aussi capricieuse dans les débauches de table que dans celles de lit, aussi intempérante, aussi bisarre dans les unes que dans les autres, ne se nourrissait que de volailles et de gibiers toujours désossés, et toujours apprêtés sous les formes les plus variées et les mieux déguisées ; elle ne faisait nul usage des nourritures populaires, il fallait que tout ce qu’on lui servait fût recherché ; sa boisson ordinaire était de l’eau sucrée, et à la glace dans toutes les saisons, dans laquelle il entrait, par pinte, vingt goûtes d’essence de citron, et deux cuillerées d’eau de fleur d’orange ; elle ne buvait jamais de vin, mais beaucoup de liqueurs et de café ; d’ailleurs, elle mangeait excessivement, il n’y eut pas un seul plat qu’elle n’attaqua, sur plus de cinquante qui lui furent servis. Prévenue d’avance de ses goûts, tout était accommodé d’après ses desirs, et il est incroyable ce qu’elle engloutit. Cette femme charmante, dont l’usage était de faire