Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/17

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genoux, ne jamais parler que par interprète à toute cette vile canaille, que l’on appelle le peuple ; et je déteste tout ce qui n’est pas à ma hauteur. En ce cas, dis-je, monseigneur doit haïr bien du monde, car il est bien peu d’êtres ici bas qui puissent l’égaler. — Très-peu, vous avez raison, mademoiselle, aussi j’abhorre l’univers entier, excepté les deux amis que vous me voyez là, et quelques autres, je hais souverainement tout le reste. Mais, monseigneur, pris-je la liberté de dire à ce despote, les caprices de libertinage où vous vous livrez ne vous sortent-ils pas un peu de cette hauteur dans laquelle il me semble que vous devriez toujours désirer d’être ? Non, dit Saint-Fond, tout cela s’allie ; et, pour des têtes organisées comme les nôtres, l’humiliation de certains actes de libertinage sert d’aliment à l’orgueil[1]. Et comme j’étais nue : ah ! le beau cul, Juliette, me dit le paillard en se l’exposant, on m’avait bien dit qu’il était superbe, mais il surpasse sa réputation ;

  1. Cela est aisé à comprendre, on fait ce que personne ne fait ; on est donc unique dans son genre. Voilà la pâture de l’orgueil.