Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/216

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Juliette ; je t’accorde la moitié du don ; continue d’aimer mes systêmes et de me bien servir ; je t’élèverai si haut, que tu n’auras plus de peine à te persuader de ta supériorité sur les autres êtres ; tu ne saurais croire les délices que j’éprouve à te mettre au pinacle, sont la seule clause d’une profonde humiliation, d’une obéissance sans bornes envers moi. Je veux que tu sois, à-la-fois, mon esclave, et l’idole des autres ; rien ne me fait bander comme cette idée… Juliette ; eh bien ! nous ferons des horreurs aujourd’hui… n’est-ce pas, mon ange ?… des atrocités, et il me baisait sur la bouche, en me branlant pendant ce tems-là…, Oh ! mon amour, comme les crimes sont délicieux, lorsque l’impunité les voile, que le crédit les étaye, et que le devoir même les prescrit ! Comme il est divin de nager dans l’or, et de pouvoir dire, en comptant ses richesses, voilà les moyens de tous les forfaits, de tous les plaisirs ; avec cela, toutes mes illusions peuvent se réaliser, toutes mes fantaisies se satisfaire, aucune femme ne me résistera, aucun desir ne demeurera sans effet, les loix mêmes se modifieront par mon or, et je serai despote à mon aise ;