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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/331

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tourmens cruels, ou ne voulut pas l’exempter de les souffrir, s’il en était le maître, aurait-il pour lui du respect ou de l’amour ? Les créatures formées par Dieu ne sont-elles pas en droit d’attendre bien plus de sa bonté, que des enfans, de celle d’un père, même le plus indulgent ; n’est-ce pas la croyance où sont les hommes, que c’est de la bonté de leur Dieu qu’ils reçoivent tous les biens dont ils jouissent ; que ce Dieu les conserve et les protège ; que c’est lui qui leur procurera par la suite le bien-être qu’ils attendent ; ne sont-ce pas, dis-je, toutes ces idées qui servent de fondement à la religion ? Si vous les absorbez, il n’existe plus de religion : d’où vous voyez que votre dogme imbécille de l’enfer détruit au lieu de consolider, qu’il ébranle les bases du culte, au lieu de les affermir, et qu’il n’y eût, par conséquent, que des sots qui purent le croire, et des fripons qui peuvent l’inventer.

N’en doutons pas, cet être dont on ose nous parler sans cesse est vraiment flétri, déshonoré par les couleurs ridicules dont les hommes se servent pour nous le peindre ; s’ils ne se formaient pas des idées absurdes et déraisonnables de la divinité, ils ne la