Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/334

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l’imposture, du mensonge et de la plus barbare politique ? Ah ! ne cessons de nous convaincre que cette doctrine ni utile, ni nécessaire, ni efficace à détourner les hommes du mal, ne peut absolument servir de base qu’à une religion dont l’unique but serait d’assouplir des esclaves ; pénétrons-nous bien de l’idée que ce dogme exécrable a les conséquences les plus fâcheuses, vu qu’il n’est propre qu’à remplir la vie d’amertume, de terreurs et d’alarmes… à faire concevoir des idées telles, de la divinité, qu’il n’est plus possible de n’en pas renverser le culte, après avoir eu le malheur d’adopter ce qui le dégrade si formellement[1].

  1. O toi ! qui, dit-on, a créé tout ce qui existe dans le monde ; toi, dont je n’ai pas la moindre idée ; toi que je ne connais que sur parole et sur ce que des hommes, qui se trompent tous les jours, peuvent m’avoir dit ; être bisarre et fantastique que l’on appelle Dieu, je déclare formellement, authentiquement, publiquement, que je n’ai pas dans toi la plus légère, croyance, et cela par l’excellente raison que je ne trouve rien, ni dans mon cœur, ni dans mon esprit qui puisse me persuader une existence absurde,