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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/336

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mot, des supplices éternels répugnent à la bonté infinie du Dieu que vous supposez : ou cessez donc de m’y faire croire, ou supprimez votre dogme sauvage des peines éternelles, si vous voulez que je puisse adopter un instant votre Dieu. N’ajoutons pas plus de foi au dogme du paradis, qu’à celui de l’enfer ; l’un et l’autre sont les atroces inventions des tyrans religieux qui prétendaient enchaîner l’opinion des hommes et la tenir courbée sous le joug despotique des souverains ; persuadons-nous que nous ne sommes que matière, qu’il n’existe absolument rien hors de nous ; que tout ce que nous attribuons, à l’ame, n’est qu’un effet tout simple de la matière ; et cela, en dépit de l’orgueil des hommes, qui nous distingue de la bête, tandis que comme elle, rendant à la matière les élémens qui nous animent, nous ne serons ni plus punis des mauvaises actions où nous auront entraîné les différens genres d’organisation que nous avons reçus de la nature, ni plus récompensés des bonnes dont nous n’aurons dû l’exercice qu’à un genre d’organisation contraire ; il est donc égal de se bien ou de se mal conduire, eu égard au sort qui nous