Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/338

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est impossible qu’ils puissent jamais être punis de ce qui ne dépendait pas d’eux.

Mais, ne suffit-il pas de jeter un coup-d’œil sur notre misérable espèce humaine, pour se bien convaincre qu’il n’est rien dans elle qui annonce l’immortalité. Quoi, cette qualité divine, disons mieux, cette qualité impossible à la matière, pourrait appartenir à cet animal, que l’on appelle un, homme. Celui qui boit, mange, se perpétue comme les bêtes, qui n’a pour tout bienfait qu’un instinct un peu plus raffiné, pourrait prétendre à un sort si différent, que celui de ces mêmes bêtes ; cela peut-il s’admettre une minute ? Mais l’homme, dit-on, est arrivé à la sublime connaissance de son Dieu ; par cela seul, il annonce être digne de l’immortalité qu’il se suppose. Et qu’a-t-elle donc de sublime cette connaissance d’une chimère, si ce n’est que vous vouliez prétendre, que parce que l’homme est venu à bout de déraisonner sur un objet, il faut absolument qu’il déraisonne sur tous. Ah ! si le malheureux a quelqu’avantage sur les animaux, combien ceux-ci n’en ont-ils pas à leur tour sur lui ? À quel plus grand nombre d’infirmités et de