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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/353

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gereux ; voilà pourquoi tant d’ames honnêtes et sensibles se croyent forcées de chercher dans l’irréligion absolue, des consolations et des ressources contre les terreurs dont l’infâme doctrine chrétienne s’efforce de les accabler. Dégageons-nous donc de ces vaines frayeurs ; foulons à jamais aux pieds, les dogmes, les cérémonies, les mystères de cette abominable religion. L’athéïsme le plus enraciné vaut mieux qu’un culte dont on vient de voir les dangers. Je ne sais quel inconvénient il peut y avoir à ne rien croire du tout ; mais certes, je sens bien tous ceux qui peuvent naître de l’adoption de ces dangereux systêmes.

Voilà, mon cher Saint-Fond, ce que j’avais à te dire sur ce dogme infâme de l’enfer, qu’il cesse de t’effrayer et de glacer tes plaisirs. Il n’y a d’autre enfer pour l’homme que la sottise et la méchanceté de ses semblables ; mais dès qu’il a fini de vivre, tout est dit ; son anéantissement est éternel. Et rien de lui ne survit ; qu’il serait dupe d’après cela, de refuser quelque chose à ses passions ! qu’il songe qu’il n’est créé que pour elles, et pour les satisfaire à quelqu’excès quelles puissent l’entraîner, et que tous les