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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/359

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univers. Le Dieu qui l’a formé est un être très-vindicatif, très-barbare, très-méchant, très-injuste, très-cruel ; et cela, parce que la vengeance, la barbarie, la méchanceté, l’iniquité, la scélératesse, sont des modes nécessaires aux ressorts de ce vaste ouvrage, et dont nous ne nous plaignons que quand ils nous nuisent : patiens, le crime a tort, agens, il a raison. Or, si le mal, ou du moins ce que nous nommons tel, est l’essence, et de Dieu qui a tout créé, et des individus formés à son image, comment ne pas être certain que les suites du mal doivent être éternelles. C’est dans ; le mal qu’il a créé le monde, c’est par le mal qu’il le soutient ; c’est pour le mal qu’il le perpétue ; c’est imprégnée de mal que la créature doit exister ; c’est dans le sein du mal qu’elle retourne après son existence. L’ame de l’homme n’est que l’action du mal sur une matière déliée, et qui n’est susceptible d’être organisée que par lui : or, ce mode étant l’ame du créateur, comme il est celle de la créature, ainsi qu’il existait avant cette créature qui en est paîtrie, il existera de même après elle. Tout doit être méchant, barbare, inhumain comme votre Dieu,