Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prison vous y est préparée, si vous manquez d’obéissance ou de discrétion. Entre de telles menaces et un pareil espoir, vous n’imaginez pas, sans doute, que je balance, dis-je à Saint-Fond, confiez-vous donc à votre plus soumise esclave, et soyez parfaitement sûr d’elle. Deux soins bien importans vont être remis dans vos mains, madame, asseyez-vous, et écoutez-moi ; et comme j’allais prendre un fauteuil par inadvertance, Saint-Fond me fit signe de ne me placer que sur une chaise, je me confondis en excuses, et voici comme il me parla.

Le poste que j’occupe, et dans lequel je veux me soutenir long-tems, m’oblige à sacrifier un nombre infini de victimes ; voici une cassette composée de différens poisons, vous les employerez d’après les ordres que vous recevrez de moi ; à ceux qui me desservent, seront réservés les plus cruels ; les prompts, pour ceux dont l’existence me nuit au point que je n’ai pas un moment à perdre pour les enlever de ce monde ; ces derniers que vous voyez sous l’étiquette de poisons lents, seront pour ceux dont, par de puissantes raisons de politique, je dois prolonger l’existence, afin d’éloigner de moi les