Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/43

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qu’elles soient vierges, et de la meilleure naissance… toutes titrées, ou au moins d’une grande richesse… — Oh ! monseigneur, et vous immolerez tout cela ? — Assurément, madame, le meurtre est la plus douce de mes voluptés, j’aime le sang avec fureur, c’est ma plus chère passion ; et il est dans mes principes qu’il faut les satisfaire toutes, à quelque prix que ce puisse-être. Monseigneur, dis-je, en voyant que Saint Fond attendait ma réponse, ce que je vous ai fait voir de mon caractère, vous prouve, je crois, suffisamment qu’il est impossible que je vous trahisse ; mon intérêt et mes goûts vous en répondent… Oui, Monseigneur, j’ai reçu de la nature les mêmes passions que vous… les mêmes fantaisies, et celui qui se prête à tout cela par amour pour la chose même, sert assurément beaucoup mieux, que celui qui n’obéirait que par complaisance ; le lien de l’amitié, la ressemblance des goûts, voilà, soyez-en bien sûr, les nœuds qui captivent le plus sûrement une femme telle que moi. Oh ! pour celui de l’amitié, ne m’en parlez pas, Juliette, reprit vivement le ministre, je n’ai pas plus de foi à ces sentiment là qu’à