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Mon premier soin fut d’examiner l’ordre dont j’étais porteuse. Dieu ! quel fut mon étonnement, quand je vis qu’on enjoignait à la supérieure du couvent de force dont il s’agissait, d’empoisonner secrètement à qui ?… Ste.-Elme, cette charmante novice de Panthemont, que j’avais adoré pendant mon séjour dans ce couvent. Un autre que moi eut déchiré ce monument de scélératesse, mais j’avais fait trop de chemin dans la carrière du crime pour reculer ; rien ne m’arrête, je n’ai pas même le mérite de balancer ; je remets l’ordre à la supérieure, de Ste.-Pélagie, où Ste.-Elme gémissait depuis trois mois ; je demande à voir la coupable ; je la questionne, elle m’avoue que le ministre a mis sa liberté au prix de sa complaisance, et qu’elle a fait avec lui tout ce que l’on peut faire. Aucune des saletés où se livrait ce monstre de luxure, n’avait été épargnée ; bouche, cul… con, l’infâme avait tout souillé, et ce qui la consolait de ces sacrifices, était l’espoir de sa liberté. Je l’apporte, dis-je à Ste.-Elme en l’ambrassant ; elle me remercie, me rend mes baisers au double… Mon con se mouille en la trahissant… Elle était morte le lendemain.