Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on leur ressemble aussi peu, quand on les domine avec autant d’empire, il est impossible d’être de leur race. Elle a raison, dit St.-Fond ; oui, nous sommes des Dieux ; ne nous suffit-il pas comme eux, de former des désirs, pour qu’ils soient aussitôt satisfaits. Ah ! qui doute que parmi les hommes, il n’y ait une classe assez supérieure à la plus faible espèce, pour être ce que les poëtes nommaient autrefois des divinités. Pour moi je ne suis pas Hercule, je le sens, dit le prince, mais je voudrais être Pluton ; je voudrais être chargé du soin de déchirer les mortels aux enfers. Et moi, dit St.-Fond, je voudrais être la boëte de Pandor, afin que tous les maux sortis de mon sein, les détruisissent tous individuellement.

Ici quelques gémissemens se firent entendre ; ils émanaient des trois victimes enchaînées. Qu’on les délie, dit St.-Fond, et qu’elles se fassent voir à nous ; les furies les détachent et les présentent aux deux convives ; et comme il était impossible de réunir plus de grace et plus de beautés, je vous laisse à penser comme elles furent bientôt couvertes de luxures. Juliette, me dit le ministre transporté, vous êtes une charmante créature…