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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/13

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malheureux, et qui fit circuler dans mes nerfs une flamme à peu près semblable à celle qui nous brûle chaque fois que nous brisons un frein ou que nous subjuguons un préjugé. Je conçus dès-lors, combien il pouvait devenir voluptueux de mettre ces principes en action ; et ce fut de ce moment que je sentis bien, qu’aussi-tôt que le spectacle de l’infortune causée par le sort, pouvait être d’une sensualité si parfaite sur des âmes disposées ou préparées par des principes, comme ceux que l’on m’inculquait, le spectacle de l’infortune, causée par soi même, devrait améliorer cette jouissance ; et comme vous savez que ma tête va toujours bien loin, vous n’imaginez pas ce que je conçus de possible et de délicieux sur cela. Le raisonnement était simple ; je sentais du plaisir au seul refus de mettre l’infortune dans une situation heureuse ; que n’éprouverai-je donc pas, si j’étais moi-même la cause première de cette infortune. S’il est doux de s’opposer au bien, me disais-je, il doit être délicieux de faire le mal. Je rappelai, je flattai cette idée, dans ces momens dangereux où le physique s’embrase aux voluptés de l’esprit… Instans où l’on se refuse d’au-