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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/133

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comme Clairwil, ma chère Juliette, dit Noirceuil ; vous avez encore besoin de quelques encouragemens, il faut diminuer cette sensibilité qui vous perd. Tous les écarts où notre imagination nous entraîne, poursuivit Noirceuil, deviennent des preuves certaines de notre esprit ; sa vivacité, ses élans, ne lui permettent de s’arrêter à rien ; plus il voit de digues à franchir, plus il conçoit de délices ; mais ce n’est point une preuve qu’il se déprave, comme les sots se l’imaginent, c’en est une bien plus certaine qu’il se fortifie. Vous voilà parvenue, Juliette, à l’âge où cette faculté de notre existence, est dans sa plus extrême vigueur ; vous avez prévenu cette époque par de bonnes études, par des réflexions solides, par un abandon total de tous les liens et de tous les préjugés de l’enfance. Ne doutez point qu’à présent, cet espoir si bien préparé, ne vous fasse culbuter toutes les bornes : un tempéramment ardent et vigoureux, une santé robuste, une grande chaleur d’entrailles, un cœur très-froid, viennent à l’appui de cet esprit bouillant, instruit et dégagé de tous les freins. Soyons bien assurés que Juliette ira