Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

singulièrement en faveur du mal, achevèrent de me captiver à jamais dans le sein du crime et de l’infâmie… Oh ! quelle horreur j’avais pour la vertu !

Je passai la nuit suivante avec Alexandrine ; cette jeune fille était, sans doute, délicieuse, Mais j’avoue que je la vis si philosophiquement, avec des sens tellement rassis, que je ne serais pas trop en état de vous parler des voluptés que j’en reçus : il aurait fallu de l’enthousiasme, à peine y eut-il de l’émotion. J’étais si fort affermie dans mes idées, le moral dominait si bien en moi le physique, mon indifférence était telle, mon flegme si soutenu, que soit satiété, soit dépravation, soit systême, je pus, sans m’émouvoir, la tenir nue dix heures dans mon lit, la branler, m’en faire branler, la sucer, la gamahucher, sans que ma tête en fut seulement échauffée ; et voilà, j’ose le dire, un des plus heureux fruits du stoïcisme. En roidissant notre ame contre tout ce qui peut l’émouvoir, en la familiarisant au crime par le libertinage, en ne lui laissant de la volupté que le physique, et en lui en refusant opiniâtrement la délicatesse, elle l’énerve, et de cet état dans lequel son