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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/194

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Ce qui s’appelle amour, en un mot, n’est autre chose que le desir de jouir, tant qu’il existe, le culte est inutile ; dès qu’il est satisfait, il est impossible : ce qui prouve que ce ne fut certainement point du culte que naquit le respect, mais du respect que naquit le culte : Jetez les yeux sur les exemples d’avilissement où ce sexe fut autrefois, où il est encore chez une grande partie des peuples de la terre, et vous acheverez de vous convaincre que la passion métaphysique de l’amour n’est nullement innée dans l’homme, mais qu’elle est le fruit de ses préjugés et de ses usages, et que l’objet qui fit naître cette passion généralement méprisée par tout, n’aurait jamais dû l’aveugler.

Ce mépris est tel chez les Croates, plus particulièrement connus des géographes sous le nom d’Uscoques et de Morlaques[1], que quand ils veulent parler de leurs femmes, ils emploient cette même expression vulgaire dont se sert le peuple au sujet d’un

  1. C’est ce peuple qui servait autrefois la maison d’Autriche, sous le nom de Pandours. Il habite la partie méridionale de la Croatie autrichienne. Pandour veut dire voleur de grand chemin.