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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/234

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ta place ; avec l’extrême faiblesse qu’il a pour toi, j’en obtiendrais des millions tous les jours. Et comme toute cette conversation se tenait dans la voiture de Clairwil, qui nous conduisait chez la sorcière, les chevaux que nous sentîmes s’arrêter, nous contraignirent à suspendre.

C’était au bout du faubourg Saint-Jacques, dans une petite maison isolée et sise entre cour et jardin, que demeurait l’aventurière que nous allions consulter. Nos gens sonnèrent ; une vieille servante s’étant informée de ce que nous voulions, nous introduisit, dès qu’elle le sut, dans une salle basse, en nous priant d’ordonner à nos gens d’aller avec notre voiture nous attendre dans un cabaret assez loin ; ce qui fut aussitôt exécuté.

Au bout d’un quart-d’heure, la Durand parut. C’était une très-belle femme de quarante ans, des formes bien prononcées, étonamment d’éclat, la taille majestueuse, une tête à la romaine, les yeux les plus expressifs, un très-bon ton, des manières nobles, et généralement tout ce qui annonce des grâces, de l’éducation et de l’esprit. Madame, lui dit mon amie, des personnes qui vous connaissent bien et que vous avez