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de l’assemblée : je les crois assez curieux pour vous les montrer. Les voici.

Statuts de la Société des Amis du Crime.

La Société se sert du mot crime, pour se conformer aux usages reçus, mais elle déclare qu’elle ne désigne ainsi aucune espèce d’action de quelque sorte qu’elle puisse être. Pleinement convaincue que les hommes ne sont pas libres, et qu’enchaînés par les loix de la nature, ils sont tous esclaves de ces loix premières, elle approuve tout, elle légitime tout, et regarde comme ses plus zélés sectateurs, ceux qui sans aucun remords se seront livrés à un plus grand nombre de ces actions vigoureuses, que les sots ont la faiblesse de nommer crime, parce qu’elle est persuadée qu’on sert la nature en se livrant à ces actions, qu’elles sont dictées par elle, et que ce qui caractériserait vraiment un crime, serait la résistance que l’homme apporterait à se livrer à toutes les inspirations de la nature, de telle espèce qu’elle puisse être. En conséquence, la Société protège tous ses membres ; elle leur promet à tous secours, abri, refuge, protection, crédit, contre les entreprises de la loi ; elle prend sous sa sauve-garde tous ceux qui