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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/255

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Descendons maintenant au jardin, nous dit la sorcière ; je vous le propose, pour vous contenter, car la rigueur du dernier hiver a fait périr toutes mes plantes ; il ne me reste presque plus rien.

Ce jardin, extrêmement sombre, ressemblait beaucoup à un cimetière : excepté dans la partie des plantes rares, de très-grands arbres l’ombrageaient de par-tout : notre curiosité nous porta, sur-le-champ, vers un coin isolé, où la terre nous parut fraîchement remuée : Voilà où tu caches tes crimes, est-il vrai, Durand, demanda Clairwil ? Venez, venez, dit la sorcière, en nous entraînant ; il vaut mieux vous faire voir ce avec quoi l’on tue, que ce qui est tué ; nous la suivîmes.

Après plusieurs explications qu’elle nous fit, écoute, lui dis-je ? la vue de ce cimetière, positivement à côté de nous, m’échauffe étonnamment la tête ; je voudrais que tu fisses avaler de la plante qui occasionne les crises les plus violentes, à une petite fille de quatorze ou quinze ans ; on ouvrirait un trou, prêt à la recevoir ; nous nous enfermerions dans ce cimetière, et lorsque les convulsions du venin entraîneraient naturellement la victime dans le trou pré-