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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/312

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tise des cours est maintenant autant à ton désavantage qu’au leur, et nulle de leurs fausses démarches ne peut t’apporter du profit ; laisse donc là ton sceptre, mon ami, abandonne la Savoie à la France, et restreins-toi dans les limites naturelles que t’a prescrites la nature ; vois ces montagnes superbes qui te dominent du côté de ma patrie ; la main qui les éleva ne te prouve-t-elle pas, en les amoncelant ainsi, que tes droits ne peuvent dépasser ces monts : qu’as-tu besoin de règner en France, toi qui ne sais pas même règner en Italie ? eh, mon ami ! ne propage point la race des rois ; nous n’avons déjà, sur la terre, que trop de ces individus inutiles, qui s’engraissant de la substance des peuples, les vexent et les tyrannisent sous le prétexte de les gouverner. Il n’y a rien de plus inutile dans le monde qu’un roi ; renonce à ce vain titre, avant que la mode n’en passe, et qu’on ne te contraigne peut-être à descendre d’un trône dont l’élévation commence à fatiguer les yeux du peuple. Des hommes philosophes et libres voyent avec peine au-dessus d’eux, un homme qui, bien analysé, n’a ni besoins, ni force, ni mérite de plus ; l’oint du