Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mener ses semblables. Celui qui, n’ayant jamais été qu’heureux, ignore ce qui convient à l’infortune, pourra-t-il commander à des êtres toujours grevés par le malheur ; sire, redeviens cultivateur, je te le conseille, c’est-là le seul parti qu’il te reste à prendre.

L’empereur des marmotes, un peu surpris de ma franchise, ne me répondit que par des cajoleries aussi fausses que doit l’être tout ce qui émane d’un Italien ; et nous nous séparâmes.

On me mena, le soir, dans un cercle assez brillant, où je vis, autour d’un tapis vert, la société réunie en deux classes ; celle des fripons d’un côté, celle des dupes de l’autre : j’appris là que l’usage, à Turin, était de voler au jeu, et qu’un homme ne pouvait pas faire sa cour à une femme sans se laisser escroquer par elle. Voilà une assez plaisante coutume dis-je à une des joueuses qui me mettait au fait. Elle est toute simple, me répondit mon institutrice ; le jeu est un commerce, donc toutes les ruses y doivent être permises ; cherche-t-on chicane à un négociant, parce qu’il met à sa fenêtre des planches qui vous induisent en erreur en