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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/316

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beau vit, l’âge de la force et de la santé ; trente ans au plus, beaucoup de libertinage dans l’esprit… de la philosophie, et le plus grand art de s’approprier le bien des autres, de quelque manière que cela pût être. Je crus qu’un tel homme pourrait m’être utile dans mes voyages ; je le lui proposai ; il accepta.

Sous quelques titres qu’un homme accompagne une courtisane en Italie, il n’y a jamais rien là de repoussant pour ceux qui la recherchent : il est d’usage que le frère, le mari, le père, se retirent, quand paraît le chaland ; les feux de celui-ci sont-ils amortis, le parent se remontre, se met en cercle avec vous, et repasse dans la garde-robe, s’il prend au monsieur quelques nouvelles tentations ; on sait qu’il soutient le ménage, dont à son tour il est soutenu ; et le complaisant Italien se prête au mieux à ces arrangemens. Comme je savais assez le langage de ce beau pays pour m’en faire supposer originaire, j’assignai sur-le-champ à Sbrigani le rôle de mon époux, et nous partîmes pour Florence…

Nous marchions à petites journées ; rien ne nous pressait, et j’étais bien-aise de con-