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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/360

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des seize filles liées aux colonnes ; et Minski, après avoir un instant examiné ce monceau, après les avoir toutes maniées les unes après les autres, avoir mordu quelques fesses et quelques tetons, en désigna trois pour sa cuisine, parmi lesquelles se trouvait la malheureuse que nous venions de perdre : qu’on les prépare pour notre dîner, dit-il, pendant que je vais passer dans une de mes salles tête-à-tête avec Juliette.

Ici, Sbrigani me dit à l’oreille, qu’il croyait prudent de nous méfier d’un tel monstre, et que nous ferions bien de demander à sortir de ses états le plutôt possible : comme je trouvais autant de danger à rester qu’à demander notre sortie, en entrant avec Minski dans la salle où il nous menait, je me contentai de lui prouver, par mon air froid, combien l’indignité de son procédé me donnait de soupçons sur ce qu’il se permettrait peut-être bientôt de faire sur ma personne. Écoutez, me dit l’ogre, en m’attirant sur une chaise auprès de lui, je vous croyais assez philosophe pour ne pas regretter autant cette fille, et pour être persuadée que les droits de l’hospitalité ne pouvaient pas avoir d’accès sur une ame