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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/86

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mords, car c’est toujours là le déguisement qu’elle prend pour nous ressaisir, dès que tu t’en apperçois, fais, sur-le-champ, la chose dont ta allais concevoir du regret ; à la quatrième fois, tu n’entendras plus rien, et tu seras tranquille toute ta vie ; mais il faut beaucoup de force pour cela ; car c’est l’illusion qui soutient le crime ; et il devient très-difficile pour une ame faible de le commettre, quand elle est dissipée ; le secret est pourtant certain : je dis mieux, c’est que par vertu même tu ne concevras plus le repentir, car tu auras pris l’habitude de faire mal dès qu’elle se montre et pour ne plus faire mal, tu l’empêcheras de paraître. Oh Juliette ! sois-en sûre, il est difficile de te donner un meilleur conseil sur cette importante matière ; tu le vois, puisqu’elle t’apprend à vaincre totalement la plus pénible des situations, soit que tu veuilles la combattre par le vice, soit que tu veuilles l’anéantir par la vertu. Clairwil, dis-je à mon amie, ce conseil est excellent, sans doute, mais mon ame a fait un tel chemin dans la carrière du vice, que je ne crois pas avoir besoin de ton remède pour lui redonner de la vigueur ; sois bien assurée que tu