Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/104

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ronna, en sodomisant ses victimes ; elles expirèrent sous lui.

Nous voilà donc les maîtres de la maison, dis-je à mon barbare époux, dès qu’il eut fini ; éloignons-nous promptement, il n’y a pas un moment à perdre ; Aglaé, poursuivis-je, vous comprenez à présent l’objet de mon crime ; amie de votre mère, je ne faisais que partager ses richesses ; elles sont à moi maintenant ; les feux que vous avez allumés dans mon cœur, ne sont point éteints : vous connaissez Élise et Raimonde, vous serez réunie à elles ; mais il faudra, comme elles, vous prostituer aux plus légers besoins, aux plus faibles caprices de la société, il faudra tromper, voler, séduire, commettre tous les crimes, en un mot, comme nous, dès que nos intérêts l’exigeront : ou cela, ou l’abandon et la misère ; choisissez. Oh ? ma chère amie, je ne t’abandonnerai jamais, s’écria cette jeune fille, les larmes aux yeux, ce n’est pas ma situation qui m’y force, c’est mon cœur, et je suis toute à toi.

Mon époux encore tout échauffé, ne voyait pas sans émotion cette scène d’attendrissement ; ses yeux et son vit me firent soupçonner qu’il voulait foutre, et ses discours