Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/117

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sairement séduire tous les êtres que brûleront tes yeux ? Tu es divine, ma chère Juliette ; baise-moi mille et mille fois, me dit Olimpe, en se laissant tomber sur l’ottomane… O ma plus tendre amie, je sens que nous allons faire beaucoup de choses ensemble… Mais je crains de m’ouvrir à toi, je suis si libertine ; ne t’y trompe pas, chère ame, je t’adore ; mais ce n’est pas l’amour qui m’enflamme pour toi maintenant ; je ne connais pas l’amour en luxure ; je n’adopte que la lubricité. Oh ciel, m’écriai-je, est-il possible qu’à cinq cents lieues l’une de l’autre, la nature ait formé des ames si semblables ! Quoi, Juliette, me répondit vivement Olimpe, tu es libertine aussi ? Nous nous branlerions sans nous aimer, nous déchargerions comme des coquines, sans pudeur, sans délicatesse ; nous mêlerions des tiers dans nos plaisirs… Ah ! que je te dévore, mon ange, que je te baise mille et mille fois ; c’est la satiété qui conduit là… c’est l’habitude, c’est l’extrême opulence dans laquelle nous vivons l’une et l’autre ; accoutumées à ne nous rien refuser, nous sommes rassasiées de tout, et les sots n’entendent pas où mène cette apathie de l’ame. Olimpe,