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achevâmes avec du punch ; ensuite ma compagne et moi, toutes deux épuisées de luxure, de cruauté… d’excès de table, nous laissant aller sur les coussins qui nous environnaient, nous nous endormîmes cinq heures, la victime pendue au milieu de nous ; il faisait grand jour quand nous nous réveillâmes ; j’aidai ma complice à cacher le cadavre sous le sol d’un de ses bosquets, et nous nous séparâmes en nous protestant toutes deux de ne pas rester en si beau chemin.

Sbrigani et mes femmes que je n’avais pas prévenues, étaient inquiètes de moi ; ma présence les calma : je me couchai. Sbrigani qui ne pensait qu’à l’argent, me demanda le lendemain quel parti j’imaginais qu’on pût tirer de cette intrigue… Jusqu’à présent que des plaisirs, répondis-je ; j’y vois mieux que cela, me répondit mon gentilhomme d’honneur ; j’ai déjà pris des informations ; la Borghèse est l’amie du Pape, il faut qu’elle vous fasse connaître le Saint-Père ; il faut attaquer les trésors de l’église, il faut que nous emportions sept ou huit millions de Rome. Je suis presque fâché des titres fastueux que nous avons pris ici ; j’ai