Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/140

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voyais ne m’annonçait que trop les intentions.

Dès que nous fûmes installés, Olympe s’approcha de moi : Juliette, me dit-elle, recommandée aux deux cardinaux que tu vois ici, par des lettres du duc de Toscane, semblables à celles que tu m’as apportées de ce prince, je ne te déguiserai pas qu’ils ont voulu savoir qui tu étais… quels étaient tes mœurs… ton esprit… Infiniment liée avec ces gens-ci, et les connaissant comme nous nous connoissons déjà toutes les deux, je n’ai pas cru devoir leur faire mystère de rien ; j’ai tout dit, et tu n’imagines pas le point auquel j’ai embrâsé leur tête. Ils te désirent, livre-toi, je t’en conjure ; le crédit de personnages-ci près du Pape, est énorme ; tous deux forment le canal des graces, des faveurs, ce n’est que par eux qu’on obtient quelque chose à Rome, Quelqu’aisée que tu sois, sept ou huit mille sequins ne peuvent te nuire : on est souvent assez riche pour vivre, jamais assez pour les fantaisies, et surtout quand on nous ressemble. Imite-moi, j’ai souvent reçu d’eux, j’en reçois encore. Eh ! les femmes sont faites pour être foutues, elles le sont