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La conversation devint générale, et bientôt la philosophie l’anima. Albani nous fit voir une lettre de Bologne, dans laquelle on lui apprenait la mort de l’un de ses amis qui, quoiqu’il occupa l’une des premières places de l’église, ayant toujours vécu dans le libertinage, n’avait jamais voulu se convertir, même à ses derniers momens, Vous l’avez connu, dit-il à Bernis, il n’y a jamais eu moyen de le prêcher : gardant sa tête et son joli esprit, jusqu’au dernier moment, il a rendu la vie dans les bras d’une nièce qu’il adorait, en l’assurant que ce qu’il le fâchait dans la nécessité de ne pouvoir admettre l’existence du ciel, était le désespoir où cela le laissait, de ne pas la retrouver un jour.

Il me semble, dit le cardinal de Bernis, que ces morts-là commencent à devenir fréquentes : l’auteur d’Alzire et d’Alembert, les ont mises à la mode. Assurément, dit Albani, il y a une grande faiblesse à changer d’esprit en mourant. N’ayons-nous pas le tems de nous déterminer dans le cours d’une aussi longue vie ; il faut employer les années de la force et de la vigueur, à choisir un systême quelconque, achever d’y