Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/149

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j’interpelle, et ce sont vos lumières que je desire.

J’y consens, dit le célèbre amant de Pompadour : écoutez-moi donc avec d’autant plus d’attention que la matière est un peu abstraite pour des femmes.

La faculté de comparer les différentes manières d’agir et de se déterminer pour celle qui nous paraît la meilleure, est ce qu’on appelle liberté. Or, l’homme a-t-il ou non cette faculté de se déterminer ? J’ose affirmer qu’il ne l’a pas et qu’il est impossible qu’il puisse l’avoir ; toutes nos idées doivent leur origine à des causes physiques et matérielles qui nous entraînent malgré nous, parce que ces causes tiennent à notre organisation et aux objets extérieurs qui nous remuent ; les motifs sont le résultat de ces causes, et par conséquent notre volonté n’est pas libre ; combattus par différens motifs, nous balançons, mais l’instant où nous nous déterminons ne nous appartient pas ; il est contraint, il est nécessité par les différentes dispositions de nos organes, nous sommes toujours entraînés par eux, et jamais il n’a dépendu de nous d’avoir pris plutôt un parti que l’autre ; toujours mus par la nécessité, toujours es-