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lon, plus tranchant, quoique bien moins instruit, ajoute : Quand je veux une chose, je suis maître de ne la vouloir pas ; quand je ne la veux pas, je suis maître de la vouloir. Non : puisque vous ne l’avez pas faite quand vous l’avez voulu, c’est que vous n’étiez pas le maître de la faire, et que toutes les causes physiques qui doivent diriger la balance l’avaient emporté, cette fois, du côté de la chose que vous avez faite, et vous n’avez pas été le maître de choisir, dès qu’une fois vous avez été déterminé ; donc vous n’avez pas été libre ; vous avez balancé, mais vous n’avez pas été libre, et vous ne l’êtes jamais ; lorsque vous vous laissez aller à celui des deux partis que vous prenez, c’est qu’il était impossible que vous prissiez l’autre. C’est votre incertitude qui vous a aveuglé, vous vous êtes cru maître du choix, parce que vous vous êtes senti maître de balancer ; mais cette incertitude, effet physique de deux objets extérieurs qui se présentent à-la-fois, et la liberté de choisir entre ces deux objets, sont deux choses très-différentes.

Me voilà convaincue, dit Olimpe ; l’idée d’avoir pu ne pas commettre les crimes où je me suis livrée, tourmentait quelquefois