Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

révolté d’une offense qui le compromet aussi grièvement lui-même. Ah ! soyez bien certaine que les plus grands supplices de l’enfer sont réservés au crime affreux que vous projetez ; et qu’indépendamment des remords qui vous dévoreront en ce monde, vous éprouverez encore, dans ce lieu d’horreur, tous les maux matériels dont la juste colère de Dieu vous déchirera »… Ce n’est pas tout, me dit cette libertine, entretiens-moi maintenant et des douleurs physiques du tourment qui m’attend, et de la honte qui doit à jamais en rejaillir, et sur ma famille et sur moi.

« Malheureuse, m’écriai-je alors, n’est-ce donc rien à tes yeux que la honte éternelle dont ce crime exécrable va couvrir à jamais ta race ? vois ta postérité malheureuse n’oser lever un front souillé par tant de forfaits ; du fond des tombeaux où vont te précipiter tes crimes, les entends-tu te reprocher la tache affreuse dont tu les couvres ; vois-tu ce nom si beau flétri par tes horreurs ; et l’affreux tourment qui t’est réservé ; ton imagination le conçoit-elle, dis ? sens-tu le fer vengeur s’appesantir sur toi ; détacher par des douleurs aiguës cette belle