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qu’il fallait transporter en plaine d’aussi brillantes possessions, et renoncer à vivre comme les ours, dans un réduit aussi effrayant. Cet homme enchanté, facilite tout, accepte tout, et en fut sans doute bien récompensé par le géant, lorsqu’il apprit à son réveil et ses pertes et notre évasion.

Ayant fait mettre dans nos voitures les trésors que nous dérobions, et y étant montés avec nos femmes, nous congédiâmes nos porteurs après les avoir bien récompensés, et leur avoir conseillé de fuir comme nous, et de ne plus rentrer dans une caverne où leurs jours étaient à tout instant menacés. Ils nous le promirent, et l’on se sépara. Nous fûmes, dès le même jour, coucher à Florence, où, dès en arrivant, notre premier soin fut d’examiner à l’aise, et nos deux femmes et nos trésors : rien de joli comme ces deux créatures.

Elise, âgée de dix-sept ans, réunissait à toutes les grâces de Vénus, les attraits séduisans de la déesse des fleurs. Raimonde, un peu plus âgée, avait une figure si piquante, qu’il était impossible de la fixer sans émotion ; toutes deux nouvellement chez Minski, n’avaient pas encore été